L'interview vérité
Kader et les dirigeants d'Ajman, le jour de la signature.
Après sa signature à Ajman, Kader Touré se livre dans une longue interview pour son site internet. Soulagé d'avoir enfin pu retrouver le chemin des pelouses et des filets, "Kekevi" revient sur ses mois de galère.
- Es-tu soulagé d'avoir enfin trouvé un club ?
Ça fait toujours plaisir de retrouver la pelouse surtout quand on a des bouches à nourrir.
- Le pari d'Ajman est pourtant risqué après leur début de saison catastrophique ?
C'est vrai que le pari d'Ajman est risqué : 11 matchs 1 point, c'est le pire qui puisse arriver à un club. Mais comme on le dit le football c'est pas de la mathématique, tout peut changer par la grâce d'Allah ça va vite dans les deux sens.
- Quels sont tes objectifs à présent ?
Mes objectifs sont de maintenir le club en première division avec mes coéquipiers bien sûr, marquer le plus de buts possible et surtout prendre du plaisir. Voilà, mieux vaut tard que jamais. En plus on a fait hier un match amical contre une équipe russe on a gagné 3 buts à 1, et j'ai marqué un but, je suis heureux.
- Sachant que tu avais reçu une proposition d'Al Dhafra, regrettes-tu maintenant de ne pas avoir prolongé ?
Non, je ne regrette pas, il me semble avoir fait une bonne saison là-bas, et j'avais eu des propositions plus intéressantes sur le plan sportif. J'ai voulu privilégier le plan sportif, et c'est ça qui m'a un peu pénalisé. Dans le football, rien n'est concret. C'est vrai que là-bas sur le plan financier ça allait par rapport à ici. J'aurais pu rester, mais je ne veux pas que demain, après avoir tourné la page du football, à la fin de ma carrière, regretter en me disant que si j'avais été dans cette compétition là, j'aurais pu faire ça ou ça. A tout âge, on peut avoir de l'argent, même à cent ans, tu peux être riche. Mais à cent ans, tu ne peux plus jouer au foot. Si tu ne veux pas laisser le football, lui te laissera. C'est ça qui m'a poussé à ce choix. On devait respecter des engagements, mais mon cas est l'exemple typique d'un joueur togolais qui n'a pas été respecté...
- Tu as donc reçu des propositions plus intéressantes qui n'ont pas abouties ?
Voilà, en Angleterre, par exemple ça n'a pas marché avec des clubs de deuxième division. Rien ne bouge actuellement, on va pas dire que c'est complètement foutu, mais je n'ai plus de contacts en ce moment.
- As-tu songé à un moment à arrêter ta carrière ?
Non, cela ne m'a jamais traversé la tête. Sur le plan physique je me sens mieux, j'ai encore des choses à prouver aux gens, et montrer encore à mes détracteurs que je suis là. Et puis, si j'arrête maintenant, je vais faire quoi ? (rires)
- Ne pas jouer est donc quelque chose de très difficile à vivre ?
Oui, c'est dur, une torture mentale, mais il faut faire avec, heureusement que je suis croyant. Ce n'est pas que je déteste le foot, mais je n'arrive plus à suivre, en voyant les autres copains jouer, alors que moi je ne joue pas, je n'arrive plus à regarder le championnat, sauf quand il y a vraiment de grandes rencontres.
- Selon toi, le fait de ne pas avoir eu de club a joué concernant ta non-sélection pour la CAN ?
Non, je ne crois pas, car si tu as bien regardé, j'ai fais trois matches avec la sélection, et je n'avais pas de club. Je ne me jette pas la fleur, mais j'ai tenu le rythme, et en dehors ou sur le terrain, je n'ai rien à me reprocher. Quand je dis que je n'ai pas de club, ça ne veut pas dire que je suis à la maison et que je dors, je manges, non ! Je m'entraîne avec Sochaux, et il ne peuvent pas me dire que ce n'est pas un argument. Le championnat togolais est arrêté depuis un bout de temps ! Il y a des joueurs qui sont convoqués pour la CAN alors que leur championnat n'a pas commencé, et d'autres sont partis alors qu'ils étaient blessés ! Pour revenir à Sochaux, c'est une grande équipe, c'est l'un des meilleurs centres de formation de France, et quand tu t'entraînes avec eux, c'est énervant d'entendre ces réactions là. Si je ne mérite pas la sélection, je vais le dire clairement ''Oui, je ne mérite pas d'aller à la CAN''...
- Le soutien de tes proches a-t-il été précieux dans ce genre de situation ?
Oui j'ai eu des appels. Certains joueurs m'ont quand même appelé. J'ai toujours Alaix Romao qui m'envoie des messages, Assimiou (Touré, ndlr) aussi, Mamah Gaffar... mais à part ça, je n'ai pas eu de coups de fil, mais ce n'est pas ça qui est important. Comme on dit, le football est un jeu collectif et individuel en même temps, c'est ce que j'ai compris.